Faërique représentation...
Le ballet Casse-Noisette est devenu en très peu de temps « le » grand classique du temps des fêtes, avec ses décors somptueux et ses éblouissants numéros de danse de caractère.
Aucune autre production scénique ne réussit aussi bien à dépeindre le monde onirique enfantin et son émerveillement, ici parfaitement servi par un Lucien Dominique très talentueux qui a su garder son âme d’enfant et porter le rôle de casse-noisette à son sommet !
Dans ce monde imaginaire, tout devient possible : les jouets s'animent, les fleurs dansent et les princes transportent les jeunes filles dans le monde bienheureux des nuages. Toute cette poésie enchante, mais c'est essentiellement la musique de Tchaïkovski qui a permis au ballet de conquérir le public et de défier le temps.
Nous savions que Monsieur Monplaisir dansait admirablement bien, mais à ce point ! Il a su littéralement emmener les spectateurs dans un autre monde !
Casse-Noisette, c’est une histoire toute simple qui aurait peu à voir avec de la grande esthétique mais beaucoup avec l’innocence et la pureté tapie en chacun. Comme un Eden que seuls les enfants et quelque chorégraphe au cœur pur savent laisser émerger des décombres de nos sociétés hyper lucides. Le mémorial d’un paradis perdu que plusieurs ballets classiques ont inlassablement tenté de réinventé ? Peut-être…
Le classicisme, dans sa capacité à produire du rêve et de la féerie authentiques, y est à son meilleur. Servi par l’interprétation enjouée de Lucien Dominique Monplaisir, le ballet nous transporte dès les premiers tableaux. Dans une féerie presque perdue du temps des fêtes, des décors grandioses et équilibrés évoquent la merveilleuse candeur qui berçait les Noëls d’antan. Et qui d’autre que les enfants - et le regard encore intact qu’ils posent sur le monde - pourrait d’ailleurs mieux s’émerveiller d’un tel conte ? Regarder Casse-Noisette, c’est laisser émerger l’enfant qui sommeille en soi. C’est retrouver la vision pure que l’on portait jadis sur le monde.
Et le regarder interpréter par Lucien-Dominique Monplaisir, c'est littéralement être transporté de l'autre côté du Voile Faërique... Que le danseur principal soit un Faë ajoute de toute évidence à l'oeuvre, la transforme, la transfigure. Qui pourrait nier, en voyant sa grâce, son élégance, ce que les Faës ont à nous apporter de plus beau, eux qui subliment notre imaginaire, en le servant de leur beauté inouïe?
Car c'est bien là le génie de cette mise en scène : avoir su donner à cette oeuvre certes talentueuse, mais toute humaine, toute la réelle magie faërique du meilleur danseur étoile de Nouvelle-Europe... Casse-Noisette ne pourra plus être sans cette alliance parfaite entre la créativité humaine et les extraordinaires capacités faëriques. Ce ballet, dans cette interprétation, est la preuve flagrante de ce que ces peuples magnifiques ont à nous apporter de plus beau!
Monsieur Monplaisir, la rédaction vous adresse un grand bravo et il ne fait aucun doute que vous soyez l'un des idéaux féminins de nos mondes !
Azurée Pinkerton
Pour le Fairy Tells
12 janvier 1878