Où les Caprices d'une jeune fille font basculer le monde

Publié le par Laure


Le relais-Poste de Vernéville, à quelques lieues de Metz, avait été le théâtre d’un incident qui serait resté sans conséquence, s’il n’avait pas concerné la jeune Waltraut-Bettina Von Mecklembourg-Strelitz, cousine de l’Empereur Guillaume de Prusse.
La jeune femme, toujours pimpante, accompagnée de l’Ambassadeur Karl-August Von Nollendorf, se rendait à Paris pour la Première de Griseldis. On pouvait retrouver dans le premier rôle masculin, Lucien-Dominique Monplaisir,  une jeune étoile montante de la scène parisienne, qui attirait de plus en plus de visiteurs venant du monde entier. Même la Prusse fait le déplacement, cela va sans dire !
Lors d'une halte à Vernéville, quel joli village pour se désaltérer, la jeune sotte perdu son petit chat auquel elle tenait énormément, ce qui la plongea dans un état de tristesse mélancolique. Ce fut le drame de toute sa pauvre existence ! L'ambassadeur Karl-August, en bon gentleman, avertit immédiatement les autorités locales afin de retrouver le dit félin. Malheureusement les recherches de la police furent vaines. Il n'en fallut pas plus à l'ambassadeur pour entrer dans une colère monstrueuse. Il est certain que la perte de cet animal est le sujet le plus important qu'il ait pu traiter. Excédé par «l'incompétence » de la France, qu'il jugea « laxiste », il fit demi-tour sur le champ pour la Prusse. Bien grand nous fasse !
Il rédigea un courrier en bonne et due forme à l'Empereur Napoléon III, en empruntant le nom de celui qu'il représentait, lui demandant réparation pour « l'outrage » commis et une résolution complète de l'enquête.
Sans doute amusé par les proportions que prenait l'histoire, Napoléon III fit un geste honorable en offrant à la demoiselle, une de ses portée de chats persans bleus de toute beauté. Cela n'a malheureusement eu aucun effet pour apaiser le courroux de cet orgueilleux Ambassadeur. Il trouva inadmissible de tenter de corrompre les larmes de la jeune femme par un quelconque substitut : il voulait que l'on retrouve l'animal perdu !
Les pauvres chatons furent alors noyés dans le Rhin et l'Ambassadeur adressa à Paris leurs carcasses pourrissantes. La seule issue de cette terrible insulte à la nation française fut la guerre, guerre pour laquelle la France n'était pas préparée. Même les canons de M. Jules Verne ne suffirent pas face à l'imposante machine de guerre prussienne.
Pour la perte d'un insignifiant petit chat, Mlle de Mecklembourg-Strelitz porte sur la conscience les  139000 morts français, 143 000 blessés et 320 000 malades, que cela soit lié au combat ou à la malnutrition et la famine ou à la variole ou autres fièvres qui ravagèrent le pays.
Les familles sont aujourd'hui désunies, emplies de rage et de désespoir et la France est meurtrie jusqu'au sang, à cause d'une impudente prussienne et d'un ambassadeur orgueilleux.

 

 

 

Le Petit Insolent - Eugène de Carmejane Pierredon

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<br /> <br /> Monsieur Eugène de Carmejane Pierredon,<br /> <br /> <br /> Je suis complêtement en accord avec vos écrits. et celà réchauffe le coeur de savoir que nous sommes plusieurs  partager le même point de vue sur la situation politique de la France.<br /> <br /> <br /> Avec toute mon estime.<br /> <br /> <br /> Une admiratrice anonyme<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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