Un bal enchanteur pour la nouvelle année russe

Publié le par Chloé

La Princesse Tatiana Alexandrovna Romanova a organisé, à l’occasion du réveillon du 31 décembre 1879, un bal en costumes anciens. On a pu y voir des jeunes filles portant des robes relevées par l’ancienne coiffure russe. Le kokoshnik, coiffe traditionnelle, était à l’honneur, avec sa forme de grande auréole, richement brodée d’or et d’argent et sertie de pierres précieuses, souvent pesamment broché d’or. Comme la coutume l’exige, les cheveux des dames mariées étaient cachés, tandis que ceux des jeunes filles étaient ramassés en deux longues tresses parfois entrelacées de rubans et perles.  Les hommes portaient des uniformes des régiments du 18ème siècle ou ceux de dignitaires de l’ancienne Cour de Moscou. 

D’après les convives, ce bal fut une parfaite réussite. L’Empereur, habillé en Tsar de Moscou, avait grande allure. Il avait revêtu pour l’occasion une tenue  de brocart écarlate, orné de fourrures et de joyaux. Son épouse, quant à elle, portant une tunique de drap d’or avec des broderies d’argent, et était coiffée d’une sorte de mitre byzantine qui rehaussait sa taille. De l’avis de tous, les habits russes de l’ancien temps ont permis de revivre un passé déjà presque oublié, celui où les modes européennes ne s’étaient pas encore introduites dans notre beau pays. Tout le monde se laissa bien vite entraîner dans cette ambiance venue d’un autre âge.

Le clou du bal fut une danse russe qui avait donné lieu à des répétitions préalables, exécutée par vingt-quatre couples conduits par un jeune lieutenant du régiment des Chevaliers-Gardes. L’hôtesse de la soirée avait conçu l’idée de cette danse, et elle avait soigneusement choisi les exécutants parmi les plus gracieuses jeunes filles et les officiers des régiments de la Garde connus comme les danseurs les plus brillants des salons de Saint-Pétersbourg. Et cette apparition fit sensation. La danse fut si bien exécutée que l’Impératrice demanda qu’elle fût refaite. Nul doute qu’à présent les soirées organisées par la Princesse Tatiana Alexandrovna seront vues comme un gage de qualité et de raffinement.

 

Cette soirée à l’ambiance enchantée a permis à la plus haute noblesse russe de franchir l’année 1880 dans le plus somptueux environnement et le meilleur état d’esprit possible.

 

Sergeï Petrovitch pour l’Ejenediélny Jounal, le 1er janvier 1880

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