Communiqué de Presse de Georges V
De Georges V d'Angleterre, par la Grâce de Dieu, Roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, Empereur des Indes, Défenseur de la Foi à ses fidèles et loyaux sujets :
Vos journaux se sont fait l’écho d’un événement qui marque un tournant dans ma vie, et dans les conventions traditionnelles britanniques : mon mariage avec une roturière non humaine, Eldrid Lissarannel.
Devant vous, je veux expliquer aujourd’hui ce choix, et rassurer les craintes qui ont pu être exprimées.
Vous le savez, j’ai créé l’an dernier un Ministère des Affaires Non Humaines, comprenant un Département dont la mission est d’harmoniser les relations avec les peuples Faëriques. Depuis peu, la Prusse a fait de même. Ces initiatives sont la preuve que ce monde ne peut plus être regardé comme indépendant des affaires humaines. Qu’on le veuille ou non, ces peuples doivent être compris, cernés, car ils ont un impact sur les hommes au niveau individuel comme collectif. En cela, ils constituent une puissance et il m’a semblé opportun de franchir un pas supplémentaire et de réaliser une alliance par voie de mariage. Mes ancêtres ont scellé des accords et négocié des alliances en liant leur destin à celui de princesses étrangères. J’ai fait le choix de donner un signe fort de confiance aux cours faëriques en prenant pour épouse l’une des leurs.
Ce choix, je vous le dis, est mûrement réfléchi, Mademoiselle Lissarannel est issue de la Cour de la Reine Titania, elle est l’une des proches de sa souveraine. Cette cour, je l’ai constaté par moi-même, est ce que l’on pourrait considérer comme un compromis entre les deux autres. En épousant Mademoiselle Lissarannel, je ne crée pas une alliance particulière avec un peuple Faërique plutôt qu’un autre. Je tends la main à tous, pour que la société de demain, celle dont je rêve pour notre pays, soit harmonieuse, et laisse sa place à chacun des habitants de ce pays, quelle que soit sa nature.
J’ai épousé Mademoiselle Lissarannel de mon plein gré, en mon âme et conscience, sans subir la moindre contrainte, la moindre influence. Elle sera à mes côtés au cours de mon règne, et si sa condition de Faë, ainsi que le Pacte que son peuple a passé avec les nôtres il y a de cela plusieurs siècles lui interdisent de s’ingérer dans les affaires politiques de notre pays, de présider à sa destinée, je sais qu’elle règnera sur vos cœurs, comme l’ont fait tant de reines avant elle, en épousant les Rois d’Angleterre.
Eldrid Lissarannel est une Faë, elle est aussi une femme résolument moderne. Elle mettra son charme et son élégance au service de l’Angleterre, mais jamais n’interviendra dans ses affaires politiques. Eldrid Lissarannel, comme une épouse moderne, mènera ses affaires personnelles, dans laquelle l’équité veut que je n’intervienne pas, chacun d’entre vous le comprendra. Mon mariage avec Eldrid Lissarannel est un rapprochement avec les peuples faëriques, il est aussi un hommage à l’indépendance des femmes. Après le règne éclairé de la Reine Victoria, ma mère, je ne pouvais pas faire moins qu’épouser une femme capable de s’assumer seule, une femme aussi volontaire et intelligente que le fut ma mère. Eldrid Lissarannel est ce choix.
Ainsi, le 20 octobre prochain, l’Archevêque de Canterbury bénira notre union, et nous célébrerons le couronnement de celle qui sera à mes côtés, à vos côtés, le temps de mon règne.
(Publié dans l'ensemble de la presse brittanique en mai 1879)